Pourquoi et comment planter des arbres et des haies en grandes cultures ou maraîchage ?

Qui n’a pas déjà entendu dire que planter des arbres et des haies en grandes cultures ou maraîchage, à cause de l’ombre portée et de l’espace occupé, génère une baisse de production et donc de revenus ? Évidemment, comment nier qu’il n’y a pas là une part de vérité ? Mais alors ne serait-il pas possible de favoriser des systèmes agricoles plus résilients et tout de même globalement plus productifs grâce à l’agroforesterie ?

Les bénéfices des arbres et des haies en grandes cultures et en maraîchage

1. Protection contre l’érosion et amélioration de la fertilité des sols

• Les haies et les arbres limitent l’érosion hydrique et éolienne.
• Ils stabilisent aussi les sols grâce à leurs racines et diminuent le risque de verse.
• En retenant l’humidité et en augmentant la matière organique par la décomposition des feuilles et rameaux, ils induisent une fertilité accrue.
• En grande culture, cela se traduit par des rendements plus stables et une meilleure rétention des nutriments.

2. Régulation du microclimat et résilience face au changement climatique

Les arbres agissent comme des régulateurs thermiques, réduisant les écarts de température et protégeant les cultures contre les fortes chaleurs et les vents dominants, qu’ils soient porteurs de gel ou de sécheresse.

En maraîchage, la présence de haies coupe-vent peut limiter les stress hydriques et thermiques, améliorant la qualité des productions.

En grande culture, une haie multi-strate bien placée peut réduire la vitesse du vent de 30 à 50 %, diminuant ainsi l’évapotranspiration et améliorant la disponibilité de l’eau pour les plantes.

Dans les deux cas, grandes cultures et maraîchage, haies de bordures ou intra-parcellaires, ainsi qu’alignements d’arbres offrent une ombre tournante très précieuse, particulièrement en période de chaleurs excessives.

3. Augmentation de la biodiversité et lutte naturelle contre les ravageurs

Planter des arbres et des haies en grandes cultures ou maraîchage offre un refuge à de nombreux auxiliaires (coccinelles, syrphes, chauves-souris, mésanges, …) qui régulent naturellement les populations de ravageurs comme les pucerons ou les altises.

Cette lutte biologique permet de diminuer le recours aux produits phytosanitaires, réduisant ainsi les coûts de production tout en préservant santé et environnement.

4. Amélioration de la pollinisation et des rendements

Certaines essences, comme les tilleuls et les saules, attirent les pollinisateurs, favorisant ainsi la fructification des cultures légumières et fruitières voisines. En maraîchage, une bonne pollinisation peut accroître le rendement de certaines cultures de 10 à 30 %.

Malgré l’espace occupé et l’ombre portée sur une partie de la parcelle, en grandes cultures, une hausse moyenne de 10% de rendement est observée.

Et en ajoutant aussi des arbres agroforestiers dans votre système, vous pourrez même obtenir des hausses médianes de +35 % de production agricole par hectare, +19 % de qualité des sols et +59 % de lutte contre ravageurs et maladies.

Les conseils pour réussir votre projet

• Valoriser des plants labellisés : optez pour des plants vigoureux, adaptés à leur écosystème et aux changements en cours. Issus de la Pépinières du Hanfgranva, ils sont produits sur sol vivant et selon les règles de l’agriculture biologique, à partir de semences issues de filières de qualité, telles que Végétal Local et Matériel Forestier de Reproduction.
• Sélectionner des essences adéquates : pour un effet brise-vent efficace, privilégier un ensemble multi-strate d’au moins une dizaine d’essences, en y intégrant par exemple érable champêtre, cornouiller sanguin ou noisetier. Pour favoriser les auxiliaires de culture, choisir des espèces diverses et à floraison échelonnée comme chêne, saule, aubépine, tilleul ou sureau. Enfin, certaines espèces pouvant héberger des ravageurs ou maladies nuisibles aux cultures, il faudra prendre des précautions. Par exemple, en grandes cultures, nous vous déconseillerons l’épine-vinette, hôte intermédiaire dans le cycle de la rouille noire du blé.
• Limiter la concurrence : placer les arbres et haies à une distance adéquate des cultures pour éviter qu’elles n’absorbent trop de ressources hydrique ou nutritive. Penser la hauteur de votre haie ou de vos arbres en termes d’ombre tournante pour une protection solaire ou d’ombre acceptable à proximité pour une barrière éolienne néanmoins efficace à l’échelle plus large de votre parcelle.
• Planifier l’entretien : une gestion adaptée (recépage et taille régulière, protection des jeunes plants, …) est essentielle pour assurer productivité et longévité de vos arbres et haies, ainsi que pour limiter la concurrence avec les cultures voisines. De très bons guides, plus ou moins détaillés, existent pour cela. Nous pourrons vous en conseiller.

Conclusion

Dans un contexte de changement climatique, planter des arbres et des haies en grandes cultures ou en maraîchage permet contre toute attente des hausses de rendement en plus de gains économiques nouveaux, abordés dans nos articles à propos des haies agricoles et de l’élevage. Arbres et haies permettent donc de renforcer la durabilité des productions maraîchères et céréalières. En intégrant ces éléments d’agroécologie dans leur système de production, les agriculteurs bénéficient d’une amélioration de la fertilité des sols, d’une meilleure gestion de l’eau, d’une réduction des ravageurs et d’une diminution de leurs achats d’intrants. Une stratégie gagnante pour une agriculture d’avenir !

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